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Qualification Hors Course en Méditerranée

📅 March 21, 2021

⏱️11 min read

Retour sur la qualification hors course

Jour 1 - Vendredi

Départ ce matin de La Grande Motte, dans un mélange d'excitation et d'appréhension. Deux canadairs s'entraînent en Baie d'Aigues Mortes alors que je pars au portant. Le vent tourne à gauche et forcit dans la journée, jusqu'à finir à 17 knts au près. Je suis en train de me changer pour me préparer pour la première nuit, et là BOOM ! Non, pas encore ! Je sors en me demandant ce qui a pu stopper net le bateau. C'est finalement un tronc d'arbre qui est resté dans le safran. Après une manoeuvre pour m'en dégager, je checke comme je peux la coque à la GOPRO, mais c'est déja la nuit et il y a un peu de mer. Je ne vois à première vue pas de soucis sur les oeuvres vives de mini. Bon c'est reparti mais j'ai un petit coup de mou. J'ai trois heures de pétole en début de nuit. Finalement le vent rentre d'un coup passant de 6 à 20 knts en 1 min, ça c'est la Mediterranée! Le vent monte jusqu'à 23knts et je file sous genaker et GV 1 ris. Il faut que j'apprenne à dormir au portant sous pilote et à avoir confiance dans le bateau. Du moins, à me détacher de ce sur quoi je n'ai pas de prise, par exemple les OFNIs. Le moral n'est pas hyper stable, j'enchaîne les hauts et les bas. Il faut dire que je suis parti fatigué. Il y a du vent et je croise mes premiers cargos, j'ai raté mes premières portes de sommeil ce qui explique ma fatigue.

Jour 2 - Samedi

Finalement je file plein sud sous genak, et en deuxième partie de nuit je dors pas mal. Au matin j'affale Genak pour le Spi Max. Je passe la journée sous spi, à sortir les Panneuax solaires, mes batteries sont de nouveau pleines. Je croise un dauphin et un petit oiseau qui me tiennent compagnie une demi-heure. J'attaque la nuit et je reste sous spi alors que j'approche de Majorque. Le bateau file et j'enchaîne les siestes. Dans la nuit je me reveille et je dois gérer le passage de 3 bateaux. Je pense pouvoir les lofer en restant sous spi max , je prends donc la barre. Finalement cela ne passe pas et je me retrouve à affaler un peu en catastrophe, le spi chalute (il passe un peu à l'eau). Bon il me restait 2NM à courir mais le bateau avançait vite à ce moment là. Finalement je prends un ris GV et j'envoie le code 5 pour être tranquille et plus manoeuvrant. J'ai du réseau, je checke en premier la météo. Le tronçon Baléares => Cagliari (Sud Sardaigne) est pratiquable. Vent léger voire pétole, puis reaching avec rafales 30 knts. Grosse couverture nuageuse dimanche et lundi.

Jour 3 - Dimanche

Je suis en pétole à l'Ouest de Majorque, pas un rayon de soleil, les panneaux ne chargeront pas de la journée. Le vent rentre Nord Est une fois la pointe Sud Ouest passée, mais si tard ! En début de nuit j'attaque le Sud de Majorque, je suis au près dans 17 knts à planter des pieux dans une mer très rapprochée (dûe à un remontée des fonds je suppose). Ma gaine de drisse de génois qui lâche au niveau du coinceur de piano, je dois la remplacer par ma drisse de spare qui n'est pas matelotée. Me voila reparti, dans une mer plus calme et avec un vent adonnant.

Jour 4 - Lundi

Je barre au reaching 3 heures dans la nuit noire, pas de lune , pas d'étoiles sous la pluie et les embrunts de plancton fluorescent. J'ai tout l'attirail: Crocs, chaussettes étanches, colant technique, salopette veste, gants étanches, bonnet étanche, cache col et musique. Je mange des quartiers d'orange dehors, un enorme kiff ! Puis dodo. Pétole le matin, ciel tout gris. Je barre pour économiser les batteries. Puis à 11h vent de SSO qui monte jusqu'à 7knts. Le ciel m'offre quelques éclaircies que j'utilise pour recharger mes panneaux solaires et faire sécher mes fringues. Je file à 6 knts sous spi dans un flux de O 10- 15 knts. Je croise une bande de dauphins. Gros rangement du bateau. Je n'ai pas de météo. Quand est-ce que la bascule Nord aura lieu? Avec un petit front? Le bateau est calé et stable. Je vais me reposer pour préparer la journée suivante et le passage au sud de la Sardaigne.

Jour 5 - Mardi

Finalement vers minuit la bascule Nord Nord Est annoncée s'opère. Je pars à 80° du vent réel, le bateau file à 8 knts pour 18-23 knts de vent. La nuit est noire sous des petits grains. Je dors à l'arrière dans les cerceuils, tout habillé avec mon matos de sécu. Avec mon gabarit il n'y a pas beaucoup de place à l'arrière, ce n'est pas de tout repos. Au matin le vent mollit et adonne, j'en profite pour me reposer et sortir les panneaux solaires. Le vent tourne à gauche et je file à 7 knts direction le Sud Sardaigne. Je vois un gros front arriver du Nord Ouest, je pense qu'il va s'accompagner du renforcement du vent annoncé et d'une bascule à droite, en fait non, le vent tourne à gauche et adonne. J'ai hâte de prendre une météo pour comprendre la situation actuelle et me projeter dans la deuxième partie de cette qualification en Italie. Je commence à voir la Sardaigne et à entendre parler italien à la VHF. J'en profite dans la journée pour faire trois relevés astronomiques au sextant. Je descends au portant abattu sous genak jusqu'à la Sardaigne. Au coucher de soleil je passe entre la Sardaigne et Isola Toro , à surfer la houle qui lève à cet endroit. Je prends une météo qui s'annonce compliquée pour la fin de parcours au niveau de l'ile de Gorgone, à l'est du Cap Corse. Je tombe littéralement de fatigue et passe 3h out à enchaîner les siestes sous le dévent du Sud de la Sardaigne.

Jour 6 - Mercredi

Minuit, j'attaque la traversée de la Baie de Cagliari au Sud Ouest de la Sardaigne. J'avance à 3 knts sous genak, j'en profite pour dormir. Mais ça c'était pour l'Ouest de la baie. A l'Est, je dois raser des îles, et gérer deux cargos et un pécheur qui est 2 NM devant moi pendant 3h, à 8 knts. Le vent monte jusqu'à des rafales à 30 knts, une belle houle se lève près des îles. A un moment le bateau est trop rapide, et il part dans des surfs endiablés et je ne peux pas trop abattre du fait du pecheur, ni loffer ce qui me fait prendre trop de vitesse. J'arrive à arrêter le bateau en affalant le solent. Je peux alors prendre un deuxième ris GV, puis un ris Solent. Dans la matinée, j'ai un vent d'Ouest un peu mou pour monter le long de l'Est de la Sardaigne. J'en profite pour lancer plein de routages météo pour gérer la phase de près qui m'attend et la remontée de la Sardaigne et de la Corse, ainsi que le passage au large des bouches de Bonifaccio qui peut être très venté. Je passe l'après midi à tirer des bords carrés en face d'Arbatax, dans une mer dégueux, sous des claques à 27 knts à gérer des pécheurs et un mini rail de cargos. Finalement à 1h je pars au près direction le Nord Est, en accord avec le routage pour éviter la pétole qui arrive à la côte avec la nuit, pour aller chercher une bascule gauche pour la suite et passer un peu au large des Bouches de Bonifacio. La météo semble très forte pour Vendredi Samedi et Dimanche au Cap Corse, je commence à envisager un stand by météo, à Punta Ala par exemple. A 20h je suis à nouveau au Large, ce qui signifie un vent plus stable car moins perturbé par la côte, moins de traffic, et pas d'obstacles.Au menu, dodo repas et rangement.

Jour 7 jeudi

Rapidement le vent prend de la gauche. Au petit matin, sous un beau lever de soleil, le vector file dans 23knts de vent établi, 1 ris solent 2 ris GV, au reaching sous pilote, des pointes à 12 knts, sans problèmes. Pas un départ au tas. Le vent continue de tourner à gauche pour terminer Sud et assez mou. Je sors les panneaux pour recharger les batteries sous un grand soleil. A 14h, terre en vue, j'ai hâte d'avoir du réseau pour savoir si cela passe sur Gorgone. En attendant, je capte un bulletin météo VHF émis depuis la Corse, Bulletin Météo Spécial au Cap Corse... ça s'annonce mal. Finalement je monte plein cul sous genak, le spi ne portant pas par intermitence. Je prends une météo par internet, clairement Gorgonne est impraticable pour les 3 prochains jours. Je contacte Amélie Grassi à la classe pour l'en informer et lui annoncer que j'envisage de m'arreter à Punta Ala le temps que le temps s'améliore. C'est tout de même bête de s'arreter à 840 milles de l'arrivée. Finalement la commission qualification de la classe, très réactive, me propose un aménagement de parcours pour finir. Ce sera Elbe à laisser à Babord, Giglio et arrivée à Punta Ala. Je me remotive pour les 130 derniers milles, les routages me donnent 24h mais je ne dois pas traîner pour ne pas finir dans du vent soutenu au près. J'emprunte de nuit le passage entre Punta Ala et Elbe, dans un vent très, trop léger.

Jour 8 vendredi

Je file dans la nuit sous genak au Nord Est de l'île, mais je suis empétolé sous les hauteurs au Nord Ouest de l'île d'Elbe. J'arrive à m'en sortir au petit matin, alors que je passe l'Ouest de l'île d'Elbe, c'est magnifique. Les routages m'annoncent un vent de Sud Ouest pour partir au reaching enrouler Giglio, puis finir sur un bord au portant reaching vers Punta Ala. Sauf qu'il n'y a pas du tout le vent annoncé. Je suis en pleine pétole, je crame au soleil, mes mains sont détruites par le soleil, l'eau salée et les cordages. Je capte à nouveau , mais aucune prévision ne s'accorde. Alors que je recommence à toucher du vent entre Elbe et Giglio, le nouveau fichier Arome sort, un gros coup de Nord Ouest est prévu dans la nuit entre Giglio et Punta Ala. Et ce n'est pas du joli, rafales à 40 knts annoncées. La décision est rapidement prise de s'arrêter pour la nuit à Giglio. Arrivé à la pointe Nord Est de Giglio, j'ai déjà 25knts. Sous Gilgio la mer se calme, mais il y a plus de vent. En effet à y regarder de plus près, Gilgio est assez haute, 200m, mais en pente douce. Le vent qui souffle Ouest à ce moment là monte le long de l'île et redescends dans les vallées. Alors que je vois 30 knts à l'anémomètre, je fais une croix sur mon idée de prendre un petit mouillage et je file vers le port. Dans l'entrée du tout petit port, je prends 28knts , heureusement que j'ai tout affalé et que j'ai un bon moteur pour les manoeuvres. quand je rentre, des locaux me disent d'accoster un immense quai en béton qui s'avère être le quai des douanes. Les douaniers, ne veulent ni me laisser poser un pied à terre (mesures liées au COVID) et à première vue quand je leur parle de repartir après le gros temps au petit matin, il ne veulent plus me laisser partir. A coup d'explications et de documents administratifs à remplir, j'arrive à les convaincre. Mais n'ayant pas le droit de monter sur le quai, je ne partirai qu'à 6h à leur embauche, pour qu'ils me larguent eux même les amarres. Je passe la nuit à dormir par intermitence, ayant peur, pour le bateau qui se fait secouer contre ce gros quai en béton avec le gros clapot qui rentre dans le port.

Jour 9 samedi

Me voila reparti au petit matin. Aussi vite que le temps s'était levé, il n'y a quasiment plus rien. Si j'arrive à glisser à 3 knts au portant en début de journée, très rapidement le vent tombe à 2 knts au portant , j'avance à 1 knts, c'est très long. Je commence à en avoir marre. Le vent rentre Nord à 21h, je finis ma qualification hors course à 23h à Punta Ala.

Analyse Personnelle

D'un point de vue personnel, cette expérience a été difficile. Partir en mer pour 1000NM en solitaire, en med , sur un mini, en mars... Pour donner un peu de contexte, suite à mon accrochage à la SAS, la qualification à la Mini Transat commençait à être difficile. La course de La Grande Motte ayant été annulée, j'ai envisagé de faire ma qualif si la fenêtre météo était bonne. Elle l'était clairement. Je ne pouvais pas prévoir les coups de bastons sur la fin de parcours, bien évidemment. Naviguer en Méditerranée peut être difficile, j'ai pris plusieurs fois de 0 => 25 knts sans nuages annonciateurs. Je ne dirai pas que j'ai pris du plaisir. J'avais, en autre, toujours un peu peur de l'avarie, sûrement à cause de mon impact sur le tronc d'arbre en tout début de parcours. Pas peur pour moi ni pour le bateau en lui même, mais plus peur de devoir arrêter la qualif, ne pas pouvoir être à temps en Italie pour l'Arcipelago et in fine faire un croix sur la mini avec une galère de plus. Finalement je pense que le pari était un peu osé mais il est passé. Je suis assez fier d'avoir réussi cela.

Analyse Technique

Techniquement le bateau a très bien tenu la route. Un problème avec une drisse dont la gaine a laché (pas de surgaine depuis oui on ne m'y reprendra plus , surtout quand on voit le prix d'une drisse en dyneema...) heureusement j'en avais une de spare. J'avais eu un black out sur l'étape 2 de la SAS, clairement je ne suis jamais descendu sous les 80 % du parc batterie. Cela valide mon installation avec 140W de PV fixe + 260W volant.

Analyse Sportive

Niveau navigation, le bateau commence à bien marcher, surtout au près. ça a été un gros boulot de comprendre comment bien faire fonctionner le vector au près et j'ai eu de bonnes sensations à cette allure sur cette nav. Je me rend compte que j'ai encore du mal à envoyer de la toile au portant et à faire de la speed, sous pilote. Ca va être mon focus sur les prochains mois. Clairement je ne me sens pas prêt à être compétitif sur cette allure.

Niveau sommeil, ça a été assez difficile. La faute, je pense à des nuits longues(12h et sans lune), ainsi qu'une météo assez instable qui empêchait les longues périodes de repos. Il faut que je veille à partir avec moins de dette de sommeil.

Niveau mental, j'ai assez enchaîné les up and downs, j'étais loin du fameux moral stable. Je pense essayer de faire plus d'exercices de visualisation pour mieux définir mes objectifs et moins m'éparpiller.

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